Université d’été : Femmes et Mobilité 2005


C’est à Liège que l’association Femmes-Enseignement-Recherche, Université de Liège (FERULg) a tenu du 28 au 31 août 2005 sa deuxième Université d’été, dans le décor agréable de la Maison des sports de la Province de Liège. Tout au long de ces journées, les participantes se sont réunies pour discuter des « questions clefs », autrement dit des problèmes et avancées en matière de  mobilités pour les femmes.

C'

est dans une ambiance chaleureuse et détendue que professeurs, mandataires politiques, acteurs de terrain, doctorants et étudiants de nombreuses nationalités (française, belge, italienne, camerounaise, québécoise, suisse, péruvienne, portugaise…) se sont retrouvés autour d’un cocktail dînatoire et du poignant montage audiovisuel « Mégapoles » de Hassen Er-Rihani pour inaugurer cette Université d’été. Ce montage et la discussion qui a suivi avec le reporter ont bien introduit la question des enjeux sexués autour des différentes dimensions de la mobilité (géographique, sociale, professionnelle, culturelle et identitaire).

Le lundi 29 août a débuté par un mot de bienvenue du vice-recteur de l’Université, Bernard Rentier. Les travaux étaient consacrés à la « mobilité professionnelle » et les quelques 50 participants ont pu assister et participer à trois ateliers : « Expatriation : opportunités et contraintes », « Mobilités professionnelles : métiers et carrière », « Mobilité professionnelle : des scénarios multiples » ainsi qu’à une table ronde « Suivre le conjoint : quelles réalités ? ».

Les communications présentées et discutées avec les personnes ressources présentes sont reprises dans le dossier de travail remis aux participants. Quant à la table-ronde qui réunissait des femmes d’horizons différents ayant été concernées à un moment de leur trajectoire par la mobilité du conjoint, elle a suscité beaucoup d’intérêt et de réactions de la part du public. François  Colmant  a accepté de rédiger une synthèse de cette discussion.

La première journée s’est clôturée par le film « Terre promise » de Amos Gitaï, au cinéma Churchill suivi d’un débat animé par Geneviève Van Cauwenberge. Ce film permettait de faire la jonction entre la thématique du lundi et celle du mardi dans la mesure où s’y conjuguent la problématique de l’immigration clandestine (mobilité géographique) et des  risques de séquestration et d’exploitation (donc d’interdiction de mobilité professionnelle, sociale et financière) qui peuvent en  découler, ici via les réseaux de prostitution dont elles peuvent tomber victimes.

« Femmes et migration » était le sous-thème développé le mardi 30 août. La matinée a débuté par l’atelier « Genre, migration(s) et circulation migratoire » suivie d’un exposé « Genre et migration(s) : problématiques contemporaines en Belgique » de Nouria Ouali, Assistante et chargée de recherche au Centre de Sociologie du Travail, de l’Emploi et de la Formation à l’Université Libre de Bruxelles.  L’oratrice a dressé un état de l’évolution des  travaux de recherche récents en la matière.

Après une pause déjeuner, les travaux se sont poursuivis par deux nouvelles sessions parallèles. D’un côté, un atelier « Genre, migration(s) et mobilité sociale » poursuivait sur la lancée du matin. De  l’autre débutaient les travaux du troisième sous-thème « Femmes, urbanité et ruralité : évolution de la gestion des temps, des espaces, des déplacements, des mentalités et des pratiques  à l’épreuve du genre ». Des résultats de recherches mais aussi de recherches-action et des initiatives ont été présentées, certaines concernant la France et d’autres le continent africain. On retiendra l’évaluation des bénéfices individuels (en terme d’autonomie, de développement des capacités, d’investissement de la sphère publique …) et collectifs (en termes d’engagement communautaire et de prise de responsabilité des femmes)  découlant des expériences relatées à Toulouse comme dans le village marocain.

L’ensemble des participants aux journées se sont retrouvées fin d’après-midi  pour écouter  la communication faite par Nancy Green, Professeure à l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris sur le thème « Genre et migrations : une perspective d’histoire comparée ».

Une fois de plus, la question de l’invisibilité des femmes migrantes est mise en avant ainsi que leur difficile acceptation dans des termes d’enjeu ou de décision individuelle. Les choses évoluent néanmoins et l’étude de la situation des  femmes migrantes témoignent à la fois de l’état des sociétés d’origine comme des sociétés d’arrivée.

La soirée débute par un spectacle de cabaret « Encre de Chine » La liberté de pensée et de témoignages de vie et de rêves de femmes  y est mise en poésie, en notes et en mouvement.  Elle se poursuit dans le partage d’un souper convivial avec les artistes.

Le mercredi 31 août débute par l’exposé assez théorique de Jacqueline Coutras, directrice de recherche FNRS à l’Université de Paris, sur la question des constructions spatio-temporelles aux prises avec le genre. L’après-midi a été l’occasion d’illustrer les propos du matin et notamment d’apporter un éclairage intéressant sur les relations de genre dans les  banlieues et les cités, sur la   position des jeunes filles immigrées  (à la fois sous contrôle du groupe et des familles et  actrices de leur destinée via une appropriation différenciée des espaces urbains périphériques et centraux).Ce regard permet un peu de jeter un regard moins négatif sur  toutes les entraves à la mobilité géographique, professionnelle et psychosociale des femmes et notamment des femmes rurales dont nous avons pu entendre récits et témoignages. Il en va de même quand on met en regard les expériences qui naissent et se développent et permettent de  désenclaver physiquement et mentalement certains groupes de population féminine  particulièrement isolés. Toute au long des journées et ce jour-là lors des  ateliers « Espaces et temps sociaux » et « Milieu rural et insertion professionnelle », cette théoricienne et chercheuse expérimentée a commenté les travaux présentés et qu’elle avait lu à l’avance. Les doctorants ont apprécié cette prise de  contact et cet investissement. Nombreux sont ceux qui comptent soumettre à sa critique la poursuite de leurs travaux et les textes qu’ils sont en train de finaliser et qui, les organisatrices l’espèrent, pourront faire l’objet d’une publication sous le label de ces journées.

Les journées ont bien tenu leur pari de mettre en perspective  les avancées, les  « sur place » et les reculs des femmes en matière de mobilité et d’autonomie. Les différents  mouvements contradictoires se révèlent  articulés : d’un côté un mouvement progressif de déliement des rapports sociaux de sexe, du moins dans nos régions, d’un autre des mécanismes de déplacement et  de reconstruction  non anodines d’inégalités. Ces mécanismes sont  d’autant moins visibles qu’ils se développent au niveau de politiques publiques et  privées décrites et largement intégrées par les différents acteurs comme neutres du point de vue du genre.

Nous pensons pouvoir affirmer que ces journées furent une pleine réussite, grâce à tous les participants motivés et dynamiques, à la qualité des modérateurs des ateliers et des intervenants, mais aussi au dévouement de toute l’équipe d’organisation et à l’aide indispensable de nos sponsors. Nous avons reçus des bons échos et des remerciements de certains participants désireux de garder le contact et d’être tenus au courant des prochaines activités du FERULg.

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